Reprise de La Tétralogie à l’Opéra Bastille, suite : La Walkyrie. Après un Or du Rhin discrètement retouché, le metteur en scène Günter Krämer était censé « revoir sa copie », selon les termes du directeur Nicolas Joël. Il l’a revue en effet, en gommant certains effets les plus critiqués, comme pour mieux en accentuer d'autres : plus de tables de dissection pour les Walkyries charognardes, mais les fières guerrières essuyant le sang à quatre pattes. Direction d’acteurs resserrée, soulignant le parti-pris ironique : un anti-Chéreau, refusant toute empathie entre les personnages. N’empêche que la rupture avec la débauche BD-manga de L’Or du Rhin laisse, a fortiori dans cette version "nettoyée", une impression de vide mal comblé par des effets de figuration insistants, tels les Wotan-boys lobotomisés reproduisant en boucle une sorte de pas de l’oie. Ce qui, comme dans L’Or du Rhin, a vraiment changé, c’est la direction de Philippe Jordan, à la fois plus raffinée et plus dramatique, antidote bienvenu à la froideur revendiquée du spectacle. C’est la distribution aussi, avec un couple Sieglinde-Siegmund de rêve (Martina Serafin et Stuart Skelton), galvanisant une Brünnhilde (Alwin Mellor) et un Wotan (Egils Silins) qui ne sont que bons.
François Lafon
Opéra de Paris Bastille, jusqu’au 10 mars, et le 19 juin Photo © Opéra de Paris