Reprise de La Veuve joyeuse de Franz Lehar au Palais Garnier dans la mise en scène de Jorge Lavelli. Un spectacle mal-aimé. En 1997, le public d’opéra avait lâché Lavelli après l’avoir idolâtré. Avec cette Veuve plus grinçante que joyeuse, il écornait un mythe viennois, mais aussi français. Karita Mattila et Bo Skovhus parlant gros sous entre deux tours de valse dans un décor évoquant un hall de banque ne cadraient pas avec le gai Paris selon Maurice Chevalier dans le film de Lubitsch ni avec l’ « Heure exquise qui nous grise » de la VF signée Flers et Caillavet, rois du boulevard de la Belle Epoque. Avant Lavelli, Maurice Béjart lui-même s’y était cassé les dents, en mariant Hanna et Danilo dans les tranchées de la Grande Guerre. Hier le public, très Opéra Comique (jeune couple invité par les parents, vieille dame se rappelant Jeanne Aubert et Jacques Jansen à Mogador en 1942), applaudissait plutôt le cancan, très enlevé, que les inquiétantes Walkyries-chauves-souris lançant des flammes au tableau final. Gros succès aussi pour Susan Graham, moins sexy que Mattila mais chantant à ravir, et Skovhus, fringuant comme il y a quinze ans. Applaudissements même pour le chef, catastrophique, couvrant les voix et cassant le rythme dialogues-musique en faisant systématiquement partir l’orchestre trop tôt ou trop tard.
François Lafon
Opéra National de Paris Palais Garnier, les 11, 14, 16, 19, 22, 26, 29 mars, 2 avril Photo © Opéra de Paris