Escale au théâtre de l’Athénée, du Tour d’écrou de Benjamin Britten, présenté par La Clé des chants (Région Nord-Pas-de-Calais). Un opéra de chambre (six chanteurs, quatorze instrumentistes) tiré d’une nouvelle de Henry James. Difficulté suprême : comment montrer des fantômes ? Dans sa nouvelle, James ne fait que suggérer la présence d’un couple de revenants pourrissant l’âme de deux enfants. Britten leur fait chanter une étrange musique vénéneuse et éthérée. Le metteur en scène Olivier Bénézech les mêle aux vivants, qui sentent ou non leur présence, et parfois les voient. C’est tout simple et cela fonctionne, même si nous sommes loin de l’ambiguïté suggérée, avec davantage d’idées et de moyens, par Deborah Warner (Covent Garden - 1997) ou Luc Bondy (Festival d’Aix-en-Provence - 2001). Sur le plateau exigu de l’Athénée, les corps sont désespérément réels. En revanche la musique, bien chantée, bien jouée par les jeunes instrumentistes de l’Orchestre-Atelier OstinatO, gagne à être entendue de près. Seize scènes, seize interludes, un thème principal comprenant les douze notes de la gamme, et Britten serrant l’écrou jusqu’à l’étranglement final, nous explique le programme. Chapeau bas ! Mais comment le compositeur nous fait basculer dans un monde où l’on n’est plus sûr de rien, cela n’est pas près de s’expliquer.
François Lafon
Théâtre de l’Athénée, Paris, 15 et 16 octobre- Le Phoenix, Valenciennes, 20 octobre - Opéra de Lille, 12, 13 et 15 décembre - Château d’Hardelot, 8 et 9 juin 2012
Photo : © Frédéric Iovino