Dimanche 28 avril 2024
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Opéra de Paris : Lohengrin, chevalier aux signes
dimanche 24 septembre 2023 à 09h35
Nouveau Lohengrin à l’Opéra de Paris-Bastille, cinq ans après la sombre relecture du metteur en scène Claus Guth avec Jonas Kaufmann dans le rôle-titre (voir ici). Cette fois c’est le polyvalent et dissident russe Kirill Serebrennikov qui s’y colle, parant de tonalités non moins menaçantes l’ouvrage dans lequel l’austère Wieland Wagner lui-même avait vu un « conte en bleu ». La légende du Chevalier au cygne s’y prête il est vrai, métaphore de l’Artiste descendant parmi les humains imparfaits pour rétablir une impossible justice. C’est à une réflexion sur la guerre, le mensonge, la manipulation des esprits, la peur de l’inconnu véhiculée par ce sauveur qui ne peut révéler son nom que nous convie Serebrennikov. Sans renier les us et techniques du regietheater dont il est l’héritier (scènes et écrans multiples, filmage en temps réel), il parvient à en contourner les tics et conventions pour imposer une esthétique personnelle, sans toujours échapper à la surcharge visuelle et sémantique à laquelle se prête l’exercice. Quatre étapes : le délire (le monde de l’héroïne Elsa), la clinique psychiatrique et l’hôpital (incontournables du genre), la guerre.  Des images s’imposent (les hommes cygnes, les doubles d’Elsa), et l’on voudrait que le spectacle entier ait la force du film intriguant projeté pendant le prélude du premier acte (le prince héritier poussé à la noyade par un bras anonyme). Beau plateau, dirigé par le chef Alexander Soddy, remplaçant Gustavo Dudamel démissionnaire de son poste à l’Opéra avec beaucoup d’enthousiasme mais un résultat aléatoire. Face à l’émouvante Johanni van Oostrum (Elsa), Piotr Beczala (Lohengrin) prolonge avantageusement la tradition des habitués du répertoire latin s’essayant à Wagner via le plus « belcantiste » de ses héros, tandis que  Wolfgang Koch (Telramund) et Nina Stemme (Ortrud) interviennent en spécialistes, cette dernière s’appuyant sur sa voix toujours phénoménale pour camper la méchante sorcière devenue ici infirmière prête à tout. Solidement préparé, le chœur vient vaillamment à bout d’une tâche encore alourdie par les mouvements compliqués imposés par la mise en scène.
François Lafon
Opéra de Paris – Bastille, jusqu’au 27 octobre - En direct le 24 octobre sur la plateforme de l’Opéra et en différé sur Medici TV à partir u 1er novembre - En différé sur France Musique le 11 novembre

Photo : Lohengrin 23-24 © Charles Duprat - OnP
 
 

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