On en parle dans le Landernau du disque : Deutsche Grammophon vient de “signer” l’Orchestre Philharmonique de Séoul. Les raisons sont claires : la Corée du Sud est leader mondial du marché classique (17% des ventes), et Myung-Whun Chung, directeur de l’Orchestre, est artiste DG depuis 1990. Dix enregistrements sont programmés, parmi lesquels un album Debussy-Ravel, les 1ère, 2ème et 9ème Symphonies de Mahler, la « Pathétique » de Tchaikovski, les Tableaux d’une exposition de Moussorgski et le Requiem de Mozart. Un programme bateau, le répertoire habituel de Chung. Certes, mais avec cet orchestre, il en vendra davantage qu’avec ses phalanges européennes, le Philharmonique de Radio France et l’Académie Sainte Cécile de Rome. Costa Pilavachi, patron du classique chez Universal, est clair sur la question : « Séoul possède dix-huit orchestres, et les ventes de disques (tous genres confondus) ont grimpé dans cette région de 12% l’année dernière. La Corée, avec la Chine, Singapour, la Malaisie, les Philippines et la Thaïlande, tient entre ses mains l’avenir de la musique classique. » Réactions sur le site du magazine anglais Gramophone : « Les dirigeants d’Universal ont chassé le Symphonique de Londres et le Concertgebouw d’Amsterdam, les obligeant à créer leurs propres labels, et maintenant, ils signent l’Orchestre de Séoul. Pensent-ils vraiment que nous allons acheter leur Debussy-Ravel ? » « DG, si vous prétendez être encore un label classique, prouvez-le ! Enregistrez le Philharmonique de Berlin avec Barenboim, Abbado, Boulez, Haitink. Arrêtez le semi-pop paré d’étiquettes des années 1980. » Comme quoi, en musique, l’actuel déplacement de l’axe terrestre n’est pas moins douloureux qu’ailleurs.
François Lafon