Samedi 27 avril 2024
Le cabinet de curiosités par François Lafon
Picasso et la musique : je t’aime, moi non  plus
lundi 21 septembre 2020 à 12h08
Exposition à la Philharmonie de Paris : Les Musiques de Picasso, programmée en avril dernier et reportée aujourd’hui. « Marre de Picasso ? », plaisante Laurent Lebon, directeur du Musée Picasso de Paris, associé à l'entreprise. « Non, et nous avons sur place de quoi nous étonner encore en ces temps de voyages difficiles et de fret empêché ». Mais si Picasso poète tombe davantage sous le sens (en ce moment à l’Hôtel de Sablé), pourquoi associer le peintre et la musique ? Picasso, il l’a dit et répété, n’était ni musicien ni même mélomane. Et pourtant, dans sa vie et son œuvre, la musique est partout, pas celle que l’on écoute la tête dans les mains, mais celles qui rythment la vie en Espagne et celles que les avant-gardes  de son époque ont érigées en symboles. Et comme toujours avec lui, trop n’est jamais trop. Cécile Godefroy, la commissaire de l’exposition, a dû avant tout frayer des chemins dans la jungle de tableaux, rideaux de scène, instruments et documents réunis pour illustrer le paradoxe. « Quand on parle d’art abstrait, on dit que c’est de la musique (…) Je crois que c’est pour ça que je n’aime pas la musique », ironisait le peintre. Le parcours commence avec Le Chant des Mondes, trois sculptures représentant des joueurs de flûte et de diaule ornant le jardin de la Californie, la villa de Picasso âgé sur les hauteurs de Cannes. On remonte alors le temps : « Musiques d’Espagne », « Le Musicien Arlequin », ornant des tambourins de sujets populaires, « Instrument cubistes », violons et mandolines vus comme des sculptures, « Musique et poésie », textes à entendre du temps de l’amitié avec Apollinaire, « Ballets », avec entre autres le superbe rideau de scène de Mercure (Satie),  « Amitié musicales » - Groupe de Six, complicité avec Poulenc, archet offert par Rostropovitch, « Aubade », thème récurrent de la maturité du peintre, « Pan » - avec le tableau célèbre conservé à Paris, enfin « Le Peintre-musicien » se représentant, dans ses oeuvres ultimes, en joueur de guitare ou de flûte, boucle bouclée et retour au jardin cannois. Les pièces sont si nombreuses, le sujet si riche que, paradoxalement, l’exposition n’est pas aussi spectaculaire qu’on l’aurait imaginée. Il faut y tourner et peut-être y retourner, s’y égarer même, guidé par les extraits sonores qui l’accompagnent (ne pas oublier l’audiophone). De quoi se consoler de l’absence (report impossible) des habituels concerts et compléments qui - tradition maison - habillent l’événement.
François Lafon 

Les musiques de Picasso, Philharmonie de Paris, du 22 septembre 2020 au 3 janvier 2021 (Photo © DR)

 

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