Au Petit Palais, exposition De Carmen à Mélisande, drames à l’Opéra Comique, à l’occasion du 300ème anniversaire de l’institution. Deux-cents manuscrits, programmes, photographies, tableaux, dessins, films, enregistrements, maquettes et costumes pour raconter vingt-sept ans de création (1875 – 1902) à travers sept ouvrages emblématiques : Carmen, Lakmé, Les Contes d’Hoffmann, Louise, Manon, Le Rêve, Pelléas et Mélisande. Une exposition documentée et efficacement pédagogique mais modeste d’apparence, aux tonalités un peu fanées en dépit de l’habillage symbolique de chaque section (rouge sang pour Carmen, bleu Watteau pour Manon, sable pour Lakmé…), le tout évoquant assez bien ce théâtre petit-bourgeois confiné dans l’ombre du grand opéra réservé aux riches. Un théâtre pas si conformiste pourtant, où soufflait l’air du temps au risque de choquer les habitués : scandale pour Carmen (sexe, meurtre et désertion), Louise (« roman musical » à tendance libertaire), Pelléas (anti-opéra nappé de non-musique), Le Rêve (Alfred Bruneau + Emile Zola, double peine naturaliste). Un choix habilement orienté, retenant des œuvres qui ont survécu (des drames d’ailleurs, comme l’indique le titre de l’exposition), laissant de côté l’ordinaire de la maison, dont le directeur sortant Jérôme Deschamps a donné ces dernières années une image plus conforme en programmant Carmen et Pelléas, mais aussi l’aimable Marouf, savetier du Caire d’Henri Rabaud ou – à l’affiche en ce moment – l’inoffensif Pré aux clercs de Louis-Ferdinand Hérold.
François Lafon
Petit Palais, Paris, jusqu’au 28 juin - En parallèle : L'Opéra Comique et ses trésors, Centre national du costume de scène, Moulins, jusqu'au 25 mai. Photio © DR