Vendredi 26 avril 2024
Tristes figures
François-Xavier Roth met en chambre deux chefs d’œuvre de Strauss
Don Quixote - Till Eulenspiegel

Magnifique perdant, Don Quichotte est le héros pour lequel Richard Strauss a montré le plus de tendresse, lui donnant la voix mélancolique d’un violoncelle en lutte contre les moulins à vent d’un orchestre aux mille bras. Mélancolique, cette interprétation du poème symphonique l’est à coup sûr. Pour François-Xavier Roth, le chevalier sort même déjà vaincu de sa première aventure : dès l’introduction, il est clair que cette interprétation n’aura rien d’épique. Même dans la grande envolée sur le cheval de bois, le chef refuse le spectaculaire et le pittoresque pour se concentrer sur les détails de la partition quitte à lui enlever son élan et à gommer un peu trop la dimension héroïque du récit. Avec son jeu tout en nuances, le violoncelle de Jean-Guihen Queyras (tout comme l’alto de Tabea Zimmermann, Sancho Panza de luxe) se plie volontiers à cette optique presque chambriste pour mieux pénétrer les états d’âme du chevalier de la Triste Figure. Till Eulenspiegel est soumis au même traitement mais, plus ramassé et moins découpé en épisodes, le récit souffre plus de ce refus de laisser éclater l’orchestre de Strauss. La Romance pour violoncelle et orchestre quasiment oubliée jusqu’à très récemment est le prometteur (mais pas plus) fruit de la jeunesse d’un compositeur pas encore tombé sous le sortilège wagnérien. 
Pablo Galonce

Don Quixote op. 35 - Till Eulenspiegel op. 28 - Romance pour violoncelle et orchestre
Jean-Guihen Queyras (violoncelle), Tabea Zimmermann (alto)
Gürzenich-Orchester Köln
Direction musicale : François-Xavier Roth
1 CD Harmonia Mundi HMM 902370
1 h 04 min

mis en ligne le lundi 6 septembre 2021

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