Mercredi 4 décembre 2024
Barbe-Bleue de mèche avec Dracula
Réjouissants Kodály et Bartók chez Dracula, grâce à Lawrence Foster
Transylvania State Philharmonic Choir & Orchestra

Avec ses chœurs et son orchestre tourmentés, le Psalmus hungaricus de Kodály célèbre l’unification des villes de Pest, Buda et Óbuda en 1923, à partir d’une traduction du Psaume 55 de David datée du XVIe siècle. « Profession de foi sur l’âme hongroise » pour Bartók, les œuvres de cette époque reflètent leur attachement exclusif au style populaire, particulièrement mis en valeur tant par la direction vigoureuse du chef d’orchestre Lawrence Foster que par la force tellurique chorale et instrumentale de Transylvanie. Tout Kodály est déjà là, dans le ton pesant, les frottements harmoniques et une dynamique cinglante. Treize ans plus tard, le Te Deum célèbre la libération par les Hongrois du château de Buda en 1686. À l’inverse de la plainte exacerbée du Psaume hongrois, cette partition joyeuse réclame quatre solistes, un chœur mixte, l’orgue et le grand orchestre comme un écho aux vastes polyphonies baroques.  À la somptuosité de ces versions désormais de référence – même s’il ne faut pas oublier celles réalisées sous la direction du compositeur et datées respectivement de 1957 et 1958 (Philips « Legendary Classics » ou Hungaroton Classic), s’ajoute la trop rare (également pour des raisons d’effectif) Cantate profane de Bartók de 1930, autre chef-d’œuvre pour ténor, baryton, chœur mixte et orchestre – contemporaine de la Sonate et d’En plein air pour piano, des Quatuors à cordes III et IV, des deux premiers Concertos pour piano ou encore des deux Rhapsodies. Le chef s’appuie sur la source roumaine originale (des chants de Noël) et non sur la traduction hongroise du compositeur : une ballade fantastique où les neufs fils chasseurs d’un vieil homme errent dans la forêt, métamorphosés en cerfs… Plus homogène que Friscay avec la Radio de Berlin (DG, 1951), plus âpre que Boulez avec Chicago (DG, 1991), Foster et le Chœur de Transylvanie offrent de ce conte horrifique – nous sommes chez Dracula ! – une interprétation si intense qu’elle ne se compare qu’à celle de Ferencsik à Budapest, en 1961 (Hungaroton). Un réjouissant compagnonnage discographique qui appelle une suite.   
Franck Mallet

Kodály : Te Deum ; Psalmus hungaricus, op. 13 - Bartók : Danses de Transylvanie, SZ. 96 ; Cantata Profana, SZ. 94
Luiza Fatyol (soprano), Roxana Constantinescu (mezzo-soprano), Marius Vlad (ténor), Ioan Hotea (ténor), Bogdan Baciu (baryton)
Transylvanian State Philharmonic Choir & Orchestra
Direction musicale : Lawrence Foster
1 CD Pentatone PTC 5187 071 (distribué par Outhere)
1 h 04 min

mis en ligne le lundi 1 janvier 2024

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