Vendredi 26 avril 2024
Beaucoup de science
Des Suites anglaises bien tranquilles
Suites anglaises n°2 & 6 - Concerto italien

Calées entre les Suites françaises (1720-1724, Köthen) et les Suites allemandes (ou « Partitas », 1726/1731, Leipzig), ces Suites (1725, Köthen) n’ont d’anglais que leurs destinataires, selon la mention, « fait pour les Anglois », apposée par Johann Christian (le « Bach de Londres », justement). En matière de style, elles sont plutôt italo-françaises, par les danses qui y sont représentées, leur style mêlant élégance et virtuosité - une nouvelle démonstration des « goûts réunis » qu’a illustrés Couperin, d’ailleurs souvent présent dans ces Suites, de même que Rameau, Dieupart et Le Roux. Pierre Hantaï rappelle à juste titre que cet opus, parce que technique et « dramatisme » y rivalisent sans cesse, compte parmi les plus difficiles à interpréter. Dans ce qu’il en restitue, la technique est là, avec une clarté du toucher, un soin des lignes contrapunctiques qui impressionnent. Mais pour ce qui est du « dramatisme »…. La rigueur des phrasés, l’apparente facilité d’exécution, un clavecin aux basses sans ampleur, débouchent sur une froide élégance, un manque d’émotion quand d’autres ont su rendre la dimension intime, voire sensuelle de ces Suites. C’est dans le Concerto italien (1735, Leipzig) que Pierre Hantaï est « chez lui »: son style le met en lumières sans céder aux tentations d’une virtuosité pyrotechnique. Une des meilleures versions actuelles.
Albéric Lagier 

Suites anglaises n° 2 et 6 BWV 807 et 811, Choral BWV 691, Concerto italien BWV 971
Pierre Hantaï (clavecin)
1 CD Mirare MIR 218
1 h 14 min

mis en ligne le mardi 2 décembre 2014

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