Jeudi 28 mars 2024
Une Vénus échevelée mais pas écervelée
Patricia Kopatchinskaja fait son retour aux sources
Rapsodia

Viktor, le père, « fort au point de soulever un cheval à bout de bras », joue du cymbalum. Emilia, la mère est violoniste. Patricia Kopatchinskaja, la fille, aussi. Mais c’est une violoniste hors catégorie, une Vénus échevelée aux pieds nus, qui fait sortir de son violon des sons et des rythmes venus certes de Moldavie, mais surtout d’ailleurs : d’un instrument trituré à l’image d’un Cri d'Edward Munch. Elle accumule les qualificatifs extrêmes : époustouflante, déjantée, incandescente, dérangeante, et cela sans verser dans l’exotisme tsigane. Parler d’aisance, voire de virtuosité est un euphémisme. Son duo avec Fazil Say avait fait grand bruit. Parions que ce disque familial en fera aussi. L’ouverture avec la Ciocarlia donne le vertige et une idée de la maitrise instrumentale de Patricia Kopatchinskaja. Ce mélange de justesse et de folie transfigure les austères sonates d’Enescu. Les pièces courtes de Gÿorgi Kurtag jaillissent comme autant d’intimes haïkus sonores. Et nul doute que Ravel aurait été séduit par l’interprétation de Tzigane. Cette démesure propre à « Patkop » mais qui jamais ne tombe dans la facilité ou " l’écervellement " musical fait merveille au disque mais donne surtout envie d’aller la voir en concert. Au violon comme jamais on en avait entendu s’ajoute alors une violoniste, qui n’a rien d’une violoneuse, comme jamais on en a vu.
Albéric Lagier

Pièces traditionnelles moldaves, Enescu, Ligeti, Kurtag, Dinicu , Sanchez-Chiong, Ravel
Patricia Kopatchinskaja (violon) Emilia Kopatchinskaja (violon et alto) Viktor Kopatchinsky (cymbalum) Martin Gjakonovski (contrebasse) Mihaela Ursuleasa (piano)
1CD Naïve

mis en ligne le mardi 21 septembre 2010

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