Jeudi 18 avril 2024
Une Fantastique qui ne l'est guère
Berlioz au pied de la lettre
 
Le même, pas pareil
Une Fantastique habitée par le Diable
Igor Markevitch et l'Orchestre Lamoureux
Symphonie fantastique - Le Carnaval romain

Le hic avec la Fantastique, c'est que Berlioz a déjà tout dit : au moment des concerts, il faisait d'ailleurs distribuer sa déclaration d'intention pour être sûr, sans doute, que chaque auditeur « verrait » bien l'artiste - autrement dit lui-même - en train de rêver, de regarder les autres danser, d'écouter les flutiaux des pâtres ou de se camer sans réussir à se calmer. Que voulez-vous alors que fasse aujourd'hui un interprète avec cette Fantastique ? Soit il y met sa patte pour entraîner l'auditeur dans le tourbillon de ses propres fantasmes, soit il se penche méticuleusement sur les indications de Berlioz pour tenter de reproduire ceux du compositeur. Attaché depuis toujours à ressusciter le passé, Jos van Immerseel choisit la seconde option : instruments d'époque (et tant pis parfois, pour la justesse), interrogations sur les cloches du dernier mouvement qui ne pouvaient pas être des cloches et qu'il remplace donc par un piano sans étouffoirs, le chef ne néglige rien pour essayer de retrouver du Berlioz berliozien. Et en même temps, ce qui n'est guère étonnant, ça le paralyse. Du coup, sa Fantastique n'avance pas, ne balance pas, ne délire pas. Dire à l'auditeur ce qu'il doit penser en écoutant, c'est peut-être s'attacher à la lettre, mais à coup sûr se priver de l'esprit.
Gérard Pangon

Symphonie fantastique - La Carnaval romain
Anima Eterna Brugge
Direction musicale : Jos van Immerseel
Zig-Zag Territoires (2009)
1 h 05

mis en ligne le jeudi 21 janvier 2010

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