Mercredi 4 décembre 2024
Sonorités pointues et danse de mort
Schubert-Chostakovitch : cohabitation réussie
Trio Zeliha - Schubert - Chostakovitch

Schubert composa ses deux grands trios avec piano en 1827, un an avant sa mort, et on tombe des nues en lisant ici que parmi les chefs d’œuvre qui leur succédèrent figure l’Inachevée, alors qu’elle leur est de cinq ans antérieure et qu’en 1822 ce ne fut pas la mort qui empêcha Schubert de la mener à bien mais, en toute probabilité, le sentiment de se trouver dans une impasse. Ces trios ont souvent été enregistrés, ensemble ou séparément. Le Trio Zeliha donne du n°2 en mi bémol majeur, œuvre de maturité d’un compositeur de trente ans, une interprétation de haut vol, empreinte de clarté et aux sonorités parfois pointues (thème secondaire en si mineur de l’Allegro initial). Du célèbre Andante con moto qui suit, la mélancolie poignante n’est pas exagérée, mais son côté marche inexorable est rendu au mieux. Autre trio n°2, celui en mi mineur opus 67 de Chostakovitch, daté de 1944, un des sommets de sa production (il avait alors trente-huit ans). Le dernier de ses quatre mouvements (Allegretto) est une véritable danse de mort dont le Trio Zeliha, jeune formation née en 2018, tire le maximum. D’un bout à l’autre de cet opus 67 la prestation du violon attire spécialement l’attention : sans doute est-ce dû à la partition. Quoi qu’il en soit, la présente version est de celles qui s’imposent. Schubert et Chostakovitch ? Une cohabitation réussie.
Marc Vignal

Franz Schubert : Trio n°2 D.929 opus 100 - Dimitri Chostakovitch : Trio n°2 opus 67
Trio Zeliha : Manon Galy (violon), Maxime Quennesson (violoncelle), Jorge Gonzalez Buajasan (piano)
1 CD Mirare MIR712
1 h 12 min

mis en ligne le mardi 5 novembre 2024

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