Mardi 19 mars 2024
Prokofiev ensorcelé
Le violon naturel de Maria Milstein dans les concertos de Prokofiev
 
Le même, pas pareil
David Oistrakh, réfence majeure
avec Kondrashin (dir) à Moscou en 1963
Prokofiev, violin concertos, Maria Milstein

Distinguée grâce à un premier album consacré à Poulenc, Janacek et Prokofiev en 2015 (« Sounds of war », Cobra Records), et à La Sonate de Vinteuil enregistré avec sa sœur pianiste Nathalia (voir ici), Maria Milstein revient en majesté avec les deux Concertos pour violon de Prokofiev. La liberté de ton et l’invention mélodique du Premier – le violon, lyrique, chez le Russe, s’oppose à la robustesse de son piano qui frappe et qui cogne – lui va à merveille. Toute la vigueur (I, Andantino), l’espièglerie (II, Scherzo) et le panache (III, Final) de cette partition, d’une virtuosité redoutable mais si spirituelle et même « céleste », comme le souligne sa jeune interprète, signée par un jeune compositeur de vingt-six ans (1917) ressortent dans cette interprétation intense, propre au jeu de Milstein – aucun lien de parenté avec Nathan –, baignée de culture soviétique par sa famille – elle est née à Moscou, en 1985 – et formée en Europe par Ilya Grubert, David Takeno et Augustin Dumay. Son jeu, toujours vif, qui rappelle un peu celui d’Oistrakh, l’une des références majeures dans ces deux concertos à un demi-siècle d’écart, sait tout autant se teinter de romantisme dans le n° 2 (1935), avec cette phrase méditative qui ouvre l’Allegro moderato. Avec Prokofiev, la course prend toujours le dessus : sans perdre haleine, la violoniste déroule avec malice l’humeur changeante de ce premier mouvement. La sublime mélodie qui prélude au II (Andante) nourrie du ballet Roméo et Juliette, laisse la part belle à l’orchestre, inconnu, le Phion Orchestra (réunion en 2019 de deux anciens ensembles néerlandais), accompagnateur parfait aux côtés de la soliste, dirigé par Otto Tausk. Dissonances, rythme chaotique et castagnettes : Maria Milstein triomphe du dernier mouvement avec un violon aussi naturel qu’ensorcelé.                                    
Franck Mallet

• En concert le 5 février (15h) à Nantes (« Folle Journée », Szymanowski, Fauré et Poulenc avec sa sœur la pianiste Nathalia Milstein à 10 h 15, Cité des congrès), les 23 février à Utrecht (Tivoli Vredenburg, 20 h) et 24 février à Amsterdam (Muziekgebouw, 20 h 15) avec le Van Baerle Trio dans Haydn, Gabriel Prokofiev et Dvorak.

Prokofiev : Concertos pour violon n°s 1, op. 19 et 2, op. 63
Maria Milstein (violon)
Phion Orchestra of Gelderland & Overijssel
Direction musicale : Otto Tausk
1 CD Channel Classics CCS 45223
49 min

mis en ligne le mercredi 1 février 2023

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