Vendredi 19 avril 2024
Nouvelle génération
Consécration d’Andrè Schuen, liedersänger d’exception
Die schöne Müllerin

Passation de relais : de même que Matthias Goerne et Christian Gerhaher ont hérité (sans les imiter) de l’art d’Hermann Prey et Dietrich Fischer-Dieskau, voici la nouvelle génération de surdoués du Lied avec Andrè Schuen, trente-six ans, originaire du Tyrol italien, entendu entre autres à l’Opéra de Lorraine en Don Giovanni. Clichés mis à part, cet élève de la grande Brigitte Fassbaender cumulant trois langues natales (l’italien, l’allemand et le ladin) mêle tout naturellement hédonisme vocal latin et art du bien dire germanique. Un cocktail tout trouvé pour réussir La Belle Meunière de Schubert, désormais chez Deutsche Grammophon, fort du succès d’un précédent récital Schubert titré Wanderer (CAvis Musik) et d’une version prometteuse des Liederkreis op. 24 de Schumann. Du Meunier amoureux il exprime les doutes de la jeunesse (qualité que n’ont pas toujours les barytons), et son évolution tout au long des vingt Lieder n’en est que plus crédible, du « Plaisir de la marche » initial (Das Wandern) au désespoir final (Des Baches Wiegenlied, la « Berceuse du ruisseau »), jusqu’aux « Gutte Nacht » fantomatiques annonçant le plus uniment sombre Voyage d’hiver. Son fidèle accompagnateur Daniel Heide lui offre de beaux paysages, ne perdant jamais de vue ce ruisseau fatal dont Schubert trouve les plus géniales traductions musicales.
François Lafon

Die schöne Müllerin
Andrè Schuen (baryton), Daniel Heide (piano)
1 CD Deutsche Grammophon 483 9558
1 h 11 min

mis en ligne le vendredi 26 mars 2021

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