Vendredi 19 avril 2024
Mélo bien peigné
Gosiers d’or mais écrin de plomb pour La Force du destin
La Forza del destino

Dans la musique de La Force du destin, Verdi fait courir un leitmoviv « du destin » qui donne un semblant de cohérence à l’ensemble. C’est l’équivalent dramaturgique de fil rouge qu’a cherché, à l’Opéra de Munich, le metteur en scène Martin Kusej. Il a pour cela gommé les disparités stylistiques de l’ouvrage, dans le but sans doute d’en justifier les invraisemblances. Peine perdue : plus on cherche à peigner le mélo, plus il est échevelé. Ainsi pris au sérieux, les personnages de fantaisie ne s’en relèvent pas : seulement vulgaire, la cantinière Preziosilla chantant « Rataplan » devant les soldats en goguette, même pas déplaisant, le moine Melitone houspillant les pauvres venus à la soupe. Mais peu importe au fond : ce n’est que pour le trio vedette Anja Harteros (la femme) - Ludovic Tézier (son frère) - Jonas Kaufmann (son amoureux) que le public n’a d’yeux et d’oreilles, lequel suscite un enthousiasme mérité. Là cependant intervient - ou devrait intervenir - le chef Asher Fisch, dont on attendrait au moins qu’il emporte ces trois voix d’or sur les sommets qu’elles méritent, mais qui se contente d’un minimum musical dont Verdi ne saurait se contenter.
François Lafon

La Forza del destino
Anja Harteros (Leonora), Jonas Kaufmann (Alvaro), Ludovic Tézier (Don Carlo), Nadia Krasteva (Preziosilla), Witalij Kovaljow (Le Marquis de Calatrava, Padre Guardanio), Renato Girolami (Fra Malitone)
Choeur et Orchestre de l'Opéra de Munich
Direction musicale : Asher Fisch
Mise en scène : Martin Kusej
Réalisation : Thomas Grrimm
2 h 58 min

mis en ligne le samedi 30 avril 2016

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