Jeudi 28 mars 2024
Le saut de l'ange
Joyce DiDonato en muse rossinienne
Colbran, la Muse

On avait bien senti, quand elle faisait ses débuts en France, à l’Opéra Bastille dans Le Barbier de Séville, que Joyce DiDonato n’allait pas s’en tenir à Rosine. Elle avait en tout cas dans la gorge, de naissance aurait-on dit, le petit marteau-piqueur indispensable pour chanter Rossini. Elle avait aussi le tempérament, pour ne pas dire la démesure, que l’on reproche souvent aux chanteuses américaines de remplacer par de la pure technique. Ce qu’on n’imaginait pas, c’est qu’elle allait devenir ce que les Italiens appellent une diva assoluta, capable de se promener de haut en bas de la portée, de rester mezzo quand elle le veut et de devenir soprano quand il le faut. La voilà justement dans un best of des rôles écrits par Rossini pour son épouse, l’Espagnole Isabella Colbran, dont la voix (ce n’était pas rare à l’époque) était d’une étendue impressionnante. La Colbran, paraît-il, avait la voix fatiguée quand Rossini a écrit pour elle. Heureusement que ce n’est pas le cas de Mrs DiDonato, car chaque air l’oblige à faire le saut de l’ange. Elle est transcendante en Semiramide échevelée (mais elle pourrait aussi chanter Arbace, le rôle de contralto) et pleine de charme quand elle « muscle » la cavatine de Rosine, que Rossini met ici dans la bouche d’Elisabeth (1ère) d’Angleterre. Le maestro Edoardo Müller l’accompagne avec scrupule.
François Lafon

Airs extraits de : Armida ; La Donna del lago ; Maometto II ; Elisabetta, regina d’Inghilterra ; Semiramide ; Otello.
Joyce DiDonato (mezzo-soprano ; soprano)
Choeurs et Orchestre de l’Académie Ste Cécile de Rome
Direction musicale : Edoardo Müller
1 CD Virgin Classics

mis en ligne le lundi 31 mai 2010

Bookmark and Share
Contact et mentions légales.
Si vous souhaitez être informé des nouveautés de Musikzen laissez votre adresse mail
De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.