Jeudi 28 mars 2024
La face obscure des lendemains qui chantent
Matthias Goerne revient à Hanns Eisler : décapant !
Ernste Gesänge - Lieder avec piano

Pause dans le cycle Schubert entrepris par Matthias Goerne chez Harmonia Mundi, retour à Hanns Eisler, dont l’enregistrement chez Decca du Hollywood Songbook, en 1998, avait contribué à lancer sa carrière. Un programme hardi, cette fois encore, où l’on retrouve dix-sept de la cinquantaine de ces Songs sur des poèmes de Bertolt Brecht, précédés des plus étonnants encore Ernste Gesänge (Chants sérieux) pour baryton et orchestre à cordes, composées par Eisler en 1961-1962, c'est-à-dire après le 20ème Congrès du Parti Communiste et la révélation de la face obscure des lendemains qui chantent. Des chants âpres, revenants à l’expressionnisme des années Brecht, mais où, justement, Eisler préfère mettre en musique des poèmes de Hölderlin plutôt que de son ancien camarade en politique. En contrepoint de ces deux blocs d’émotivité écorchée, la Sonate pour piano composé en 1922-1923 par Eisler à peine sorti de la classe de composition de Schoenberg donne la clé de toute son œuvre, entre recherche esthétique et prosélytisme militant. Passionnant de comparer le jeune Goerne de 1998 avec le maître qu’il est devenu, à la voix sombre et à l’expressivité infinie. Son accompagnateur Thomas Larcher n’est pas moins impressionnant dans la Sonate. Un disque électrochoc, qu’il serait dommage de redouter.
François Lafon

Hanns Eisler : Ernste Gesänge - Lieder mit Klavier - Sonate n° 1
Matthias Goerne (baryton), Thomas Larcher (piano)
Ensemble Resonanz
1 CD Harmonia Mundi
54 min

mis en ligne le vendredi 6 décembre 2013

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