Vendredi 29 mars 2024
L’empire des signes
L’inquiétante étrangeté du monde sonore d’Aurélien Dumont
Stillness

Démiurge de la baguette, Richard Strauss évoquait la nature à pleine palette orchestrale avec sa Symphonie Alpestre, tandis que Mahler prétendait faire entrer la totalité du paysage dans sa 3ème Symphonie… Un siècle, plus tard et avec d’autres moyens, Aurélien Dumont (dont on avait déjà apprécié le premier album (voir ici), traque lui aussi l’espace, mais dans le détail. Car c’est là où réside l’inquiétante étrangeté de ses compositions. Un merveilleux enchevêtrement de timbres miniatures et volatils, un empire de signes en vérité, happé et observé à la loupe, comme 7 Vallées, pour flûtes, clarinettes, percussion, harpe et électro (2015). Le son glisse, ruisselle, s’échappe ou tambourine, à la manière du Debussy de La cathédrale engloutie ou des Quatre pièces op. 7 de Webern, deux compositeurs fétiches de Dumont. Les Objets Esthétiquement Modifiés (O.E.M.) décrits et prélevés dans l’histoire de la musique – Gabrieli pour Fiocchi di Silenzio, et Beethoven pour Berceuse des poussières –, ajoutent, non de la pédanterie, mais de l’humour et de la malice à ce cornet acoustique bruitiste où l’Ensemble Linea déploie des techniques de jeu d’une délicatesse extrême – à l’image de Sérieux gravats, martelante procession nocturne. Qui, mieux qu’Aurélien Dumont, sait émouvoir les pierres ?          
Franck Mallet

Dumont : Start the dance ! ; Berceuse et des poussières ; 7 Vallées ; Fiocchi di silenzio ; Sérieux gravats
Ensemble Linea
Direction musicale : Jean-Philippe Wurtz
1 CD Odradek ODRCD 324 (distr. UVM)
49 min

mis en ligne le jeudi 14 mars 2019

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