Mercredi 4 décembre 2024
Errance pianistique d'un voyageur fatigué
Juliette Journaux se balade d'une transcription l'autre
Juliette Journaux - Wanderer without Words
Wanderer without Words (Voyageur sans paroles) : tel est l’intitulé de ce CD largement fait de versions piano seul de pages à l’origine pour voix et piano ou pour voix et orchestre. Cela nous vaut un texte de présentation débordant de littérature sur les notions de voyage, d’errance, de refuge, etc. Cela commence par le lied « Der Wanderer » de Schubert transcrit pour piano seul par Liszt. Cet homme se questionne sur sa propre existence, ce qui le pousse à partir, espérant trouver des réponses. Au début de l’acte III de Siegfried, le même homme très angoissé se demande pourquoi son destin lui échappe : la réduction - par opposition à transcription - pour piano change ici l’éclairage sonore de certains éléments de l’original pour orchestre. On entend ensuite les trois Klavierstücke D 946 de Schubert, d’abord rappel des blessures du début de ce programme puis déferlement d’optimisme. Mais le lied de Schubert « In der Ferne » (Au lointain), tiré de son Chant du Cygne et qui ouvre la seconde partie dudit programme, est un renoncement à soi. Le lied de Mahler « Ich bin der Welt abhanden gekommen » (Je me suis séparé du monde), « ode douce-amère à la solitude », marque « un point de bascule vers l’apaisement », et le piano seul autorise en l’occurrence « un élargissement des tempi dans des strates méditatives ». La dernière partie de l’Adieu du Chant de la Terre de Mahler montre que seule la nature est à même d’apporter le repos au Wanderer fatigué. Etc. Les transcriptions, sauf deux, ont été réalisées par la pianiste elle-même, le programme se tient, mais il n’est appréciable, en particulier pour Wagner et Mahler, que si l’on connaît les originaux, qu’à l’écoute on ne peut s’empêcher de se remémorer.
Marc Vignal
Schubert : Der Wanderer ; 3 Klavierstücke D 346 ; In der Ferne ; Wanders Nachtlied - Wagner : Mein Schaft ist Träumen (Siegfried) - Mahler : Ich bin der Welt abhanden gekommen (Rückert-Lieder) ; Der Abschied (Das Lied von der Erde)
Juliette Journaux (piano)
1 CD Alpha Classics Alpha984 (Outhere)
58 min
mis en ligne le samedi 9 novembre 2024
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De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.
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