Vendredi 29 mars 2024
Double sommet
Premier coup de maître brahmsien de Nelson Goerner
Sonate n° 3 - Variations sur un thème de Paganini

Brahms n’ayant rien composé de confortable à jouer, pourquoi ne pas commencer par le plus périlleux ? C’est ainsi que pour le premier récital solo qu’il lui consacre au disque (après un déroutant 2ème Concerto - voir ici), Nelson Goerner gravit deux hauts sommets : la 3ème Sonate et les Variations Paganini. Il a pour cela la technique, l’aplomb et la maturité, mais aussi - et c’est indispensable dans cette musique - la faculté de creuser le sujet tout en évitant les effets de manche. Son toucher délié, qui fait merveille dans Schumann mais aussi dans Chopin, Debussy ou Janacek, apporte une touche supplémentaire d’évidence à cette musique réputée pour sa richesse, voire sa touffeur. C’est surtout vrai pour la Sonate, Everest d’une demi-heure et cinq mouvements d’un génie de vingt ans, dont Radu Lupu a donné jadis une version magique (DG) que Goerner n’est pas loin d’égaler. Autre monument, réunissant deux cahiers qui se répondent l’un à l’autre bien que Brahms ait demandé qu’on les considère comme deux œuvres séparées (pensait-il, comme nombre de commentateurs, que le 1er était meilleur que le 2ème ?), les Variations sur le thème du 24ème Caprice de Paganini posent d’autres problèmes, et pas des moindres. Rien de moins démonstratif en effet, rien de moins superficiel que ces « Variations de sorcières » selon l’expression de Clara Schumann faisant elle-même allusion au caractère diabolique du violoniste. Goerner les joue sans effets, meilleure méthode pour produire le plus grand effet. 
François Lafon 

Sonate pour piano n° 3 - Variations sur un thème de Paganini
Nelson Goerner (piano)
1 CD Alpha Classics Alpha 557
57 min

mis en ligne le jeudi 19 décembre 2019

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