Jeudi 25 avril 2024
Dialogues d’exilés
Un parallèle Chopin-Schubert qui ne manque pas de subtilité
Chopin - Schubert

Au théâtre, quand elle joue et chante Michael Levinas (La Conférence des oiseaux – voir ici) ou Sylvano Bussotti (La Passion selon Sade – voir ), la soprano d’origine portugaise Raquel Camarinha brûle les planches. En concert ou en studio, la bête de scène s’assagit, ce qui ne veut pas dire qu’elle manque d’idées, ou qu’elle s’attaque à des répertories convenus. Toujours avec son fidèle pianiste Yoan Héreau, et après un programme Debussy-Ravel-Poulenc sans fioritures (… et ), la voici dans les dix-neuf Mélodies de Chopin. Des pièces difficiles à appréhender, l’admirateur de Bellini qu’était Chopin étant plus doué pour faire chanter son piano que pour recréer un bel canto personnel à travers la voix, ce qui explique peut-être qu’il se soit gardé de s’essayer à l’opéra comme le lui suggéraient ses amis poètes. Et pourtant, en les chantant dans l’ordre chronologique comme elle le fait, Raquel Camarinha nous livre bien là un « Carnet intime » recréant la Pologne natale, l’exil, la vie parisienne. Sa retenue d’interprète étonne d’abord, mais trouve avec le piano chantant de Héreau un équilibre subtil. En complément, avec deux fois trois lieder de Schubert inspirées du Wilhelm Meister de Goethe, c’est un « exil intérieur » où voix et piano parlent à égalité que le duo Camarinha-Héreau explorent finement. 
François Lafon 

Frédéric Chopin : 19 Mélodies – Franz Schubert : Sehnsucht ; Mignon I et II; Gesänge aus Wilhelm Meister
Raquel Camarinha (soprano), Yoan Héreau (piano)
1 CD Mirare MIR 448
1 h 04 min

mis en ligne le mercredi 9 décembre 2020

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