Vendredi 29 mars 2024
Des sonates tout en couleurs
Viktoria Mullova et Kristian Bezuidenhout réinventent Beethoven
Sonates pour violon et piano n°3 et n°9 « A Kreuzer »

Beethoven sur instruments d'époque, voilà qui annonce la couleur, direz-vous. Eh bien pas tout à fait, car avant l'écoute, il est difficile d'imaginer l'extraordinaire couleur sonore que donnent Kristian Bezuidenhout et Viktoria Mullova à l'archiconnue Sonate « A Kreuzer », par exemple. Certes, un pianoforte de 1822 et un Guadagnini de 1750, à cordes en boyau et archet adapté, créent une sonorité inhabituelle, le premier avec des graves qui ronronnent et des aigus qui fredonnent, le second avec une sorte de transparence qui ne gomme ni la profondeur ni la gravité. Mais le plus remarquable est l'usage que les interprètes en font. Dès les premières mesures de la Sonate « A Kreuzer », Viktoria Mullova impose un ton dramatique et une tension qui font frissonner. Kristian Bezuidenhout, lui, arrondit les angles, joue la fluidité, mais lorsque le pianoforte se fait plus sérieux, le violon à son tour ajoute une note d'humour, avant de caracoler dans les variations du second mouvement. Le dialogue est magnifique, et le jeu expressif, ajouté à ces timbres originaux, baigne ces sonates de Beethoven d'une atmosphère nouvelle comme si les interprètes les réinventaient.
Gérard Pangon 

Sonates pour violon et piano n°3 en mi bémol majeur et n°9 en la majeur « A Kreuzer »
Viktoria Mullova (violon), Kristian Bezuidenhout (painoforte)
1 CD Onyx 4050
55 min

mis en ligne le lundi 26 juillet 2010

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