Vendredi 19 avril 2024
Contre l'interprétation
Mariss Jansons refuse l'épique dans la 5ème de Chostakovitch
Symphonie Nr. 5

Symphonie légendaire et ouverte à toutes les interprétations (de la confession personnelle au geste politique en passant par la pure nécessité esthétique, on a tout entendu), la Cinquième de Chostakovitch reprend la formule de la Cinquième de Tchaïkovski : trois mouvements de lutte et de doute pour arriver à un finale libérateur et triomphal. Mariss Jansons, dans ce concert capté en 2014, se tient lui aux notes. Pour son troisième enregistrement de l'œuvre (après Oslo et Vienne), il opte pour une lecture limpide où il n'est plus question d'épique, plus intéressé qu'il est par l'architecture de la symphonie que par son (discutable) message. Le ton est donné dès les premières mesures, très tendues, qui propulsent un premier mouvement serré mais dont le sommet manque par là-même d'intensité. Si l'orchestre, splendide, est fidèle à sa renommée et les différents solos sont tous remarquables, le premier violon manque un peu de mordant, d'ironie, dans le scherzo. Comme souvent dans ses interprétations de Chostakovitch, Jansons déplace le centre de gravité vers le mouvement lent, de loin le plus réussi, le plus riche en questions et réponses. Finale exubérant, même débridé parfois, jusqu'aux dernières mesures, sans emphase. Pour une vision tout aussi classique, mais allant plus loin dans les subtilités de la partition, il faut revenir à Bernard Haitink avec le Concertgebouw (Decca). 
Pablo Galonce

Symphonie n° 5 en ré mineur op. 47
Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise
Direction musicale : Mariss Jansons
1 CD BR Klasik 900191
44 min

mis en ligne le samedi 14 novembre 2020

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