Samedi 20 avril 2024
Charme versatile
Le piano épuré de Nicholas Angelich à l’assaut de Prokofiev
 
Le même, pas pareil
Sviatoslav Richter, Vision fugitive
Carnegie Hall, 1960
Prokofiev Nicholas Angelich

Pour un premier album entièrement dévolu à Prokofiev, Nicholas Angelich n’a pas hésité à jouer des contrastes entre les Visions fugitives de 1917, la Suite tirée de Roméo et Juliette (1935) et la Huitième Sonate, créée par Gilels à Moscou, en 1944. Interprète reconnu dans Brahms, on pouvait craindre que le piano à la fois déluré, exubérant et tragique du Russe lui échappe, en particulier cette 8e Sonate, monstre versatile qui, avec un tel interprète, prend ses aises… sur une durée record de près de trente-quatre minutes. Son piano chante littéralement dès les premiers accords du méditatif 1er mouvement « Andante dolce » : un murmure d’un calme olympien auquel succède une avalanche d’épisodes instables, rythmes brisés aussitôt oubliés dans le bref et chatoyant « Andante ». Plus charmeur mais moins affûté qu’Alexander Melnikov, dans son récent enregistrement de cette même œuvre (voir ici), Nicholas Angelich détaille le son avec délicatesse et fermeté, à l’image d’un « Vivace » conclusif tour à tour hérissé, motorique et jubilatoire. Le style à la fois épuré, impressionniste et kaléidoscopique des Visions fugitives convient bien à ce piano au lyrisme naturel, qui ne craint pas non plus d’enfourcher les « tubes » – quatre sur les dix numéros de la Suite – transcrits du ballet Roméo et Juliette.
Franck Mallet

Prokofiev : Sonate pour piano n° 8, op. 84 ; Visions fugitives, op. 22 ; 4 pièces extraites des 10 de la Suite pour piano d'après le ballet Roméo et Juliette, op. 75
Nicholas Angelich (piano)
1 CD Erato 0190295267681 (dist. Warner)
1 h 20 min

mis en ligne le vendredi 19 mars 2021

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