Les voilà qui recommencent! Après Tosca (1992) et La Traviata (2000), c’est Rigoletto que les télés de cent-trente-huit pays vont diffuser en direct, dans les lieux et aux heures où l’action est censée se passer. C’est moins absurde que la récente Traviata (encore elle) en direct de la gare de Zürich ou La Bohème filmée live dans un centre commercial. Pour Tosca, les fans s’étaient levés à six heures du matin, heure à laquelle se passe le 3ème acte. Cette fois, le dénouement s’adresse aux couche-tard : 23h30 dimanche 5 septembre, depuis le Castello du San Giorgio à Mantoue (photo). Le premier acte aura été donné la veille au soir au Palazzo Te, et le 2ème le jour même en matinée, au Palazzo Ducale. Cela s’appelle événementialiser l’événement. Et dire que si Verdi n’avait pas été obligé par la censure de transposer l’action dans un duché, sous prétexte que le spectacle d’un roi débauché n’était pas un bon exemple pour le peuple, Rigoletto se serait passé à Paris, à la cour de François 1er, comme dans la pièce de Victor Hugo ! La distribution est attirante, avec deux rescapés de Tosca : Placido Domingo - désormais baryton- dans le rôle-titre, et Ruggero Raimondi - toujours basse - en Sparafucile. La mise en scène est signée Marco Belloccio, ex-jeune loup du cinéma d’auteur, et Zubin Mehta, basé au Teatro Scientifico Bibiena avec l’Orchestre National de la RAI, retrouve les écouteurs qu’il portait pour diriger Tosca à distance. Les amateurs du direct et de ses aléas ne manqueront pas le triple rendez-vous, car la version DVD sera probablement nettoyée. Ainsi dans Tosca, seuls les nostalgiques du magnétoscope peuvent encore visionner le moment, au deuxième acte, où Domingo, suprêmement professionnel, opère un rétablissement acrobatique après s’être pris les pieds dans un câble mal fixé.
Sur France 3, le 4 septembre à 20h35 (acte I), et le 5 septembre à 14h15 (acte II) et 23h30 (acte III)