Chez Warner Classics : « Simon Rattle & his soloists, the CBSO years », réédition à l’usage des discophiles (pochettes d’époque) d’une quinzaine enregistrements pour EMI (1982-1999) du jeune Rattle dirigeant l’Orchestre Symphonique de Birmingham. Du recyclage travaillé, avec explications des rapports particuliers que le chef entretenait avec chacun des solistes en question. Autre cohérence, en creux celle-là et bien sûr passée sous silence par l’éditeur : aucun ou presque des ces albums n’a laissé de trace dans les discographies. On se souvient de Kyung-Wha Chung dans le 2ème Concerto pour violon de Bartok, mais plus tôt dans sa carrière, avec Georg Solti, ou de Nigel Kennedy lorsque, déguisé en punk, il « popifiait » Les Quatre Saisons de Vivaldi. Et si Lars Vogt, Thomas Zehetmaier, Truls Mork, les sœurs Labèque ou Leif Ove Andsnes ont depuis poursuivi de belles carrières, on a oublié Cécile Ousset, pianiste tarbaise plus connue de l’autre côté du Channel que dans son pays natal, ou Peter Donohoe, stakhanoviste du clavier ne faisant qu’une bouchée du redoutable 2ème de Bartok. Deux raisons donc de se rafraîchir la mémoire : retrouver Rattle au temps où son style, son répertoire, sa façon très personnelle de mettre l’accent sur des œuvres pas assez ou trop connues lui promettaient des lendemains qui chantent (ils chantent encore), et (re)découvrir des pépites discographiques, telles l’échevelé 2ème Concerto de Saint-Saëns par Ousset (son cheval de bataille), les Concertos pour violon de Szymanowski avec Zehetmaier, Mork dans la Cello Symphony de Britten, ou le composite triplé Rodrigo-Takemitsu-Arnold tenté et réussi par le grand guitariste Julian Bream.
François Lafon
Un coffret de 15 CD Warner Classics 08256480401