Depuis mercredi 29 juin, les billets de 20 livres sterling représentant le compositeur Edward Elgar ne sont plus acceptés dans les magasins du Royaume Uni. Le 20 £ à l’effigie d’Adam Smith, le « père de l’économie moderne », lancé en 2007, reste seul en circulation. Le symbole est clair. Ce ne sont plus Pump and Circonstances ni les Variations Enigma qui motivent les sujets de Sa Gracieuse Majesté. « Une honte, » s’indigne Jeremy Dibble, spécialiste de la musique anglaise à l’Université de Durham. « Elgar est une figure emblématique de l’inspiration artistique en Angleterre. Le laisser tomber en dit long sur la façon dont les arts sont maintenant considérés dans notre pays. » En 1993, quand Shakespeare a été chassé par le savant Faraday du même billet de 20 £, sur lequel il régnait depuis 1970, le tollé n’a pas été moins grand, et n’a cessé que quand … Elgar a pris le relais en 1999. En France, deux musiciens ont eu les honneurs de la planche à billets : Berlioz (1976) et Debussy (1981). Personne ne s’est offusqué, au pays de la littérature, du fait que ceux-ci n’aient valu que 10 et 20 francs, alors que Racine et Corneille avaient pesé 50 et 100 francs. Les Anglais ne sont décidément pas près d’adopter l’euro, dont les billets affichent des ponts, des portes et des fenêtres, censés « définir l’identité européenne et affirmer son union avec le reste du monde. »
François Lafon