Chez EMI, "Michel Plasson et l’opéra français" (38 CD), deux ans après "Michel Plasson et la musique française" (37 CD). Quinze ouvrages intégraux (dont l’un deux fois : Roméo et Juliette de Gounod) enregistrés de 1976 à 2002 à la Halle aux Grains de Toulouse avec l’Orchestre du Capitole. Seul manque un des plus fêtés, Werther de Massenet avec Alfredo Kraus, exclu du coffret parce qu’enregistré à Londres avec le London Philharmonic. Principe adopté par Plasson et le directeur artistique Alain Lanceron : une ou deux stars internationales, coachées par la chef de chant Jeanine Reiss et entourées de solides voix francophones, ce qui n’était pas toujours évident en ces temps de basses eaux hexagonales. Peu de ratés (Les Pêcheurs de perles), quelques raretés (Guercoeur de Magnard, Padmâvati de Roussel), et quelques références, comme Faust, Mireille, Lakmé ou Don Quichotte. Petit jeu : deviner l’âge d’un album au vu de sa distribution. En 1984, quand elle enregistre La Belle Hélène, Jessye Norman est une pop star. Même remarque pour le couple Roberto Alagna-Angela Gheorghiu (Roméo et Juliette, 1995 - Carmen, 2002). Quelques choix relèvent de la gageure, comme la wagnérienne Hildegard Behrens dans Guercoeur (1986), ou le duo Teresa Berganza-José Carreras pour La Périchole d’Offenbach. Parmi les voix francophones, de solides troupiers perpétuant une tradition désormais oubliée, des espoirs parfois déçus, et, tout de même, quelques stars, comme Régine Crespin, Gabriel Bacquier, José Van Dam (présent dans dix albums), en attendant Natalie Dessay, Roberto Alagna, la relève des années 1990. C’était l’époque des intégrales de studio, du théâtre pour l’oreille né après la guerre avec l’avènement du microsillon. Le temps des dinosaures, déjà.
François Lafon
1 coffret de 38 CD EMI