A vendre sur le site Le Bon Coin : un piano à queue Erard, 800 €. Un premier acquéreur propose un chèque et l’enlèvement immédiat. Arrivent d’autres propositions, de France, d’Allemagne, des Pays-Bas : collectionneurs, marchands, restaurateurs. La propriétaire se renseigne auprès de l’association Fan d’Erard, puis à la Cité de la Musique à Paris : l’instrument, numéroté 19972, a été acheté en 1847 par Marie Martin dite Marie Recio, cantatrice, 41 rue de Provence, paris 9ème, Madame Berlioz ou presque (l’union ne sera officialisée qu’en 1854). Aux enchères – compte-tenu de la dizaine de milliers d’euros nécessaire à sa restauration – l’instrument pourrait atteindre 50 000 €. Réaction prudente d’Antoine Troncy, directeur adjoint du Musée Hector Berlioz à La Côte-Saint-André, citée par le site de France Musique : « Marie Recio, cantatrice de métier, aurait peut-être acheté ce piano pour ses répétitions ». Une expertise est prévue, qui pourrait déboucher sur l’achat par le Musée. « La notion de l’authenticité n’a pas de définition générale mais est abordée de façon parcellaire par des textes réglementaires sectoriels, des pratiques professionnelles et la jurisprudence », peut-on lire sur le site d’un cabinet d’avocats spécialisé. Pas sûr en tout cas que l’ADN de Berlioz, qui avait étudié la flûte et la guitare mais pas le piano (son père n’avait pas voulu), soit détectable sur l’instrument.
François Lafon
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