Communiqué, fin juillet, du festival de Verbier 2011 : « Gidon Kremer annule sa participation pour raisons de santé ». Réponse de l’intéressé, postée par le journaliste Norman Lebrecht sur son blog Slipped Disc : « Je vais très bien, et j'espère que cela va durer. Désolé si mon attitude est perçue comme un défi. Il ya beaucoup d’artistes qui respectent docilement la règle du jeu dans l’espoir que cela va les conduire à la réussite (…) Ils deviennent trop facilement victimes des politiques de promotion et de réussite. Il semble que le marché de la musique et certaines «règles» visant une promotion rapide négligent la notion de croissance créatrice. Beaucoup de merveilleux et talentueux jeunes artistes deviennent les victimes d'un succès bien orchestré, qui les empêche de se découvrir eux-mêmes (…) »
Au-delà de la manifestation « all stars » qu’est le festival de Verbier, c’est l’institution musicale tout entière, maisons de disques en tête, qu’attaque l’illustre violoniste. Toujours postée par Slipped disc, la réponse du pianiste et écrivain Valery Afanassiev, annonçant par la même occasion la parution de son livre Notes de pianiste, en juin 2012 chez José Corti. « Je me demande quel but Gidon s'est fixé en écrivant cette lettre. Cela relève-t-il d’une identique aspiration à la gloire? Sur le Forum Classica, où les internautes russes échangent points de vue et insultes, on peut lire : « Gidon réalise qu'il sombre lentement dans l'oubli. Il a à coeur de nous rafraîchir la mémoire ». L'auteur de cette pique n'a pas tout à fait tort. » Et d’ajouter : « Il aide beaucoup de jeunes pianistes, des jeunes filles (…) Consciemment ou inconsciemment, il oublie leur absence quasi totale de dons musicaux ». Question d’équilibre, pour lui aussi : laissez mûrir les artistes, mais n’attendez pas qu’ils (elles) ne soient plus présentables sur une pochette de disque.
François Lafon