Samedi 20 avril 2024
Le cabinet de curiosités par François Lafon
Festival Berlioz 2 : cœur du sujet
jeudi 31 août 2017 à 02h16
" En suivant Berlioz à Londres au temps des expositions universelles " à La Côte-Saint-André, seconde journée. Exposition au musée-maison natale du compositeur : pèlerinage au pays de Byron et de Walter Scott, mais surtout vénération pour Shakespeare, dans lequel l’auteur de Béatrice et Bénédict voit le grand ancêtre, sans lequel lui-même ne serait pas ce qu’il est. Nombreuses lettres, affiches, objets personnels judicieusement présentés. Retour à l’église où le London Haydn Quartet poursuit son intégrale des Quatuors londoniens de Haydn. Jeu plus incisif que la veille (premier violon jusqu’à la stridence) pour les grandioses Quatuors op. 71 n° 2 et 3, entre lesquels s’intercale le séducteur op. 64 n°4, volonté ironique de plaire à un nouveau public. Le soir au Château Louis XI, coeur du sujet et foule des grands soirs : La Damnation de Faust dirigé par John Eliot Gardiner, auréolé des mémorables Symphonie Fantastique et Roméo et Juliette des deux précédents festivals. Monteverdi Choir et Orchestre Révolutionnaire et Romantique impeccables, tout dévoués à un théâtre sonore rendant caduque la question de savoir si la « légende dramatique en quatre parties » est ou n’est pas un opéra. « Ça manque d’unité ? Moi je réponds : Merde ! », disait Emmanuel Chabrier. C’est bien ainsi que le montre Gardiner, moins dans la cohérence dramaturgique que dans la décidément moderne (et shakespearienne plus que goethéenne) étincelle résultant de la confrontation des fragments, principe déjà des Huit scènes de Faust originelles. Un fabuleux patchwork où le théâtre est dans l’orchestre, au point que les chanteurs - si ce n’est Laurent Naouri conférant à Méphisto une inhabituelle complexité (l’esprit qui nie et qui rit) - passent au second plan, impression corroborée par la pâleur expressive de Faust-Michael Spyres (quels aigus, quelle diction pourtant, Nicolai Gedda n’est pas loin !) et d’Ann Hallenberg en Marguerite, largement dépassée en émotion par le cor anglais accompagnant son « D’amour l’ardente flamme ».
François Lafon

Festival jusqu’au 3 septembre, exposition au Musée Hector Berlioz jusqu’au 30 septembre (Photo : John Eliot Gardiner©FestivalBerlioz)

 

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