Sur France 3, Fauteuil d’orchestre, prime time (2h30) de luxe dédié à la musique classique et présenté par l’inattendue mais toujours impeccable Anne Sinclair. Un peu Champs-Eysées, un peu Grand Echiquier en moins melting pot. Invité: Ruggero Raimondi, excellent client télévisuel entouré de gloires canoniques (Julia Migenes), de stars actuelles (Juan Diego Florez, Patricia Ciofi), d’espoirs déjà confirmés (Julie Fuchs, Edgar Moreau) et d’outsiders plus (Patrick Bruel) ou moins (Eric Ruf) grand public. Plutôt réussi dans le genre, si l’on apprécie le genre. Car pourquoi la grande méchante musique classique fait-elle toujours aussi peur ? Pourquoi la réduire presque exclusivement à des airs d’opéra (des chansons, rien que des chansons, comme Strangers in the night entonné au final par RR lui-même) ? Pourquoi sous-entendre sans cesse que tout un chacun peut avoir accès à ce saint des saints culturel, que les tubes qu’il va entendre ne vont pas l’ennuyer, l’obliger à zapper, faire hurler le chien à la mort ? Le choix, comme locomotives de ce n°1, du Don Giovanni de Losey (1979), de la Carmen de Rosi (1984) mettant tout leur art à réparer des ans l’irréparable outrage induit-t-il par ailleurs que tout espoir serait vain de s’adresser à un public qui à l’époque n’était pas né ?
François Lafon
France 3, vendredi 11 décembre Photo © DR