Au Palais Garnier, exposition L’Etoffe de la modernité, costumes du XXème siècle à l’Opéra de Paris : costumes pré-hollywoodiens hérités du XIXème, spectacles de peintres dans le sillage des Ballets Russes (Benoit, Derain, Léger, Cocteau), sages innovations de l’après-guerre (Masson, Leonor Fini, Carzou, Chagall). Cela s’arrête à l’aube du XXIème siècle, ère de la mondialisation des styles et des esthétiques. Le ballet est mieux servi que l’opéra : tradition de modernité, long règne créatif de Serge Lifar (1930-1958), premiers costumes de couturiers (Yves Saint-Laurent pour Notre Dame de Paris de Roland Petit – 1965). Les touristes se font photographier devant les pourpoints de Noureev exposés dans les espaces publics, mais combien pousseront la porte (discrète) de la Bibliothèque Musée, où les costumes, dessins, croquis et accessoires racontent, dans un clair-obscur propice au rêve, l’apogée et le déclin des arts réunis ? Le catalogue met en vedette les ateliers-maison (cent-cinquante-trois salariés, trois sites, sept services) et permet de s’attarder sur les croquis zébrés d’indications techniques. On apprécie les détails de la croix de fer portée par le Capitaine de Wozzeck (André Masson – 1963) et l’on apprend comment, en Olympia des Contes d’Hoffmann (Michael Levine – 2000), Natalie Dessay se débarrassait de sa robe de poupée pour apparaître en robot violeur.
François Lafon
Bibliothèque Musée et espaces publics de l’Opéra de Paris – Garnier, du 19 juin au 30 septembre 2012. Catalogue Opéra National de Paris – Bibliothèque Nationale de France. 20 €.