Harmonia Mundi dégraisse : fermeture de 15 de ses 30 boutiques en France, licenciement de 38 employés sur 171, dont 28 travaillaient dans lesdites boutiques. Extrait du communiqué : « La chute du marché du disque (-71% en 11 ans), les changements de comportements des consommateurs (téléchargement, achat en ligne) ne nous permettent plus de préserver notre équilibre financier avec notre organisation actuelle ». En décembre 2010, on annonçait la disparition de 8 boutiques sur 45. Entre temps, chute de 9% du chiffre d’affaire (39,7 millions €). Deux ans plus tôt, en 2008, Bernard Coutaz, fondateur de la marque en 1958, affichait un chiffre d’affaires de 60 millions € et une équipe de 330 personnes. En 1995, quand il avait ouvert sa première boutique à Arles, Coutaz s’appuyait sur une constatation et une conviction : la crise de la distribution (c’était l’époque où les disquaires indépendants achevaient de se faire dévorer par la FNAC, Virgin et autres Leclerc) et l’attachement du public à l’objet-disque : « Nous ne sommes pas des extraterrestres avec des grandes oreilles, nous avons des yeux et des mains qui ont envie de voir, de toucher et de posséder. ». Aujourd’hui, Virgin est en dépôt de bilan, la FNAC bat de l’aile et les amateurs de classique eux-mêmes se font à l’idée que leur musique préférée n’est pas forcément liée au CD. L’implantation même des magasins, au centre difficilement accessible des villes, est devenue un handicap. « Où est passée l’harmonie dans ce monde ? », se demande un internaute. Dans les disques, peut-être, et pas seulement les disques Harmonia Mundi.
François Lafon