Reprise jusqu’aux fêtes de West Side Story au Châtelet, dans la production déjà donnée en 2007 dans le cadre du cycle Leonard Bernstein (Candide, On the Town). Grosse couverture médiatique, façon show biz. En 1981, déjà au Châtelet, première tournée all american cast du plus célèbre (en France) des musicals. Un dimanche soir, Bernstein est dans la salle, accompagné de George Chakiris. Standing ovation. « J’arrive de Munich, où j’ai terminé l’enregistrement de Tristan et Isolde" explique-t-il aux saluts. "Après cela, réécouter ma propre musique remet les pendules à l’heure ». Trente ans plus tard, un public familial (beaucoup de très jeunes) vient visiter le monument, qu’il connait pour avoir vu et revu le film de Robert Wise. Il retrouve ses marques : le spectacle d’origine, la chorégraphie de Jerome Robbins en particulier, n’a subi qu’un dépoussiérage de surface, ce qui lui donne d’ailleurs un côté propret pas très en situation. On rêve un moment à une relecture radicale de cette œuvre qui parle d’émigration, de racisme, de délinquance, puis l’on se dit que sa désuétude même la protège, et l’on se laisse entraîner par la machine Broadway : énergie de la troupe, fraîcheur des solistes. Il n’y a que l’orchestre qui pèche. Là, il aurait fallu un Leonard Bernstein pour remettre les pendules à l’heure.
François Lafon
Châtelet, Paris, jusqu’au 1er janvier 2013. Photo © DR