Aux Docks, beaubourienne Cité de la mode et du design entre la Seine et la gare d’Austerlitz, Valentina Lisitsa joue sur un des quarante-huit pianos droits décorés par des artistes contemporains et installés dans divers lieux publics, selon la formule anglaise Play Me, I’m Yours (Jouez-moi, je suis à vous). Hier, elle jouait l’ « Appassionata » de Beethoven en peine rue, dimanche elle sera sur les marches du Sacré-Cœur. La Reine de la Toile (voir ici) fait à sa manière la promotion des quatre Concertos de Rachmaninov, son premier album chez Universal. Toutes ses interventions seront bien sûr en ligne, prêtes à êtres dégustées par ses 77 000 abonnés. Haute voltige (Liszt) et introspection (Chopin) dans les conditions les plus improbables : un paradoxe qui fait le succès de cette Ukrainienne à la technique phénoménale et à la concentration hors du commun, voire une démonstration par l’absurde de la provocation que représente la musique savante dans le monde contemporain. Une provocation qui atteint des sommets quand une touche reste dans la main de l’artiste, qui la dépose délicatement sur le bord de son tabouret sans interrompre les folies digitales d’une Rhapsodie hongroise de Liszt.
François Lafon
Play Me, I’m Yours, jusqu’au 8 juillet - Valentina Lisitsa : mini-récitals 6 juillet (19h) place des Abbesses et 7 juillet sur les escaliers du Sacré-Cœur.