Samedi 20 avril 2024
Concerts & dépendances
Salomé et la chose dévoilée
samedi 26 juin 2021 à 00h11
Au théâtre de l’Athénée, fin de saison et fin d’une ère – celle du directeur Patrice Martinet, auquel va succéder le tandem Olivier Mantei et Olivier Poubelle : Salomé, d’Oscar Wilde, Richard Strauss et quelques autres par le collectif berlinois Hauen und Stechen, connu in loco pour un Notre Carmen qui n’était effectivement pas celle de tout le monde (voir ici) mais laissait une impression d’inachevé, rappelant la théorie d’Antoine Vitez selon laquelle pour jouer un fou, il ne suffit pas de faire des folies, auquel cas on ne voit pas un fou, mais un monsieur qui fait n’importe quoi. De la folie aussi dans cette Salomé, mais contrôlée et donnant à réfléchir autant qu’à réagir. Certes, il faut suivre, et accepter une esthétique trash typique de la scène germanique. Il faut aussi lire la note d’intention du collectif, où l’on parle de « célébrer l’obsession de Salomé pour le Mystère » et où l’on apprend que la partition de Strauss sera librement adaptée pour petit ensemble et augmentée « d’autres matériaux », le texte de Wilde, en allemand et français (l’original) étant confronté à l’Hérodias de Flaubert ou aux Moralités légendaires de Jules Laforgue. Il nous est rappelé aussi que c’est à La Comédie Parisienne - qui allait devenir l’Athénée - que la pièce a été créée et que la Loïe Fuller (très drôlement représentée ici) a dansé sa version du mythe, tous voiles déployés. Pourquoi tout cela, qu’on ne trouverait pas (ou trop enfoui) dans le chef-d’œuvre de Strauss ? Franziska Kronfoth (metteure en scène), Roman Lemberg (direction musicale) et la troupe (puisqu’il s’agit d’une « écriture de plateau ») se gardent bien d’en donner le fin mot (ou d’en choisir un), mettant Wilde en exergue (« Le mystère de l’amour est plus grand que le mystère de la mort ») au terme d’une "Danse des sept voiles" plutôt originale, où il nous est rappelé, geste à l’appui, que l’Apocalypse (en français la Révélation) mène à la « chose dévoilée ». Au Moyen Age, on croyait que la représentation d’une tête sur un plat guérissait les maux de tête et de gorge. Raison de plus pour tenter l’expérience. 
François Lafon 

Athénée Louis-Jouvet, Paris, jusqu’au 30 juin (Photo © Christina Schmitt)

 

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