A l’Opéra Comique, création de Re Orso, premier opéra scénique (après deux opéras radiophoniques) de Marco Stroppa. Le livret, tiré d’un poème surréaliste avant la lettre d’Arrigo Boito (le dernier librettiste de Verdi) raconte l’histoire d’Orso (Ours), un despote monstrueux - mi-Richard III mi-Ubu - harcelé par la voix d’un Ver qui lui reproche ses crimes. C’est ce qu’on comprend en lisant le programme et les surtitres, parce que le spectacle, mis en images esthétiques (genre Twilight) par le metteur en scène Richard Brunel, est plutôt abstrait. La musique - inventive, assez éclatante même, mais truffé de formules rebattues - n’aide que partiellement à s’y retrouver dans cette fable simpliste dans son propos et complexe dans son expression, si ce n’est que dans la seconde partie (la mort d’Orso rongé par son Ver) les instrumentistes de l’Ensemble Intercontemporain, dirigés par leur directrice Susanna Mälkki, laissent la place aux voix et sons imaginaires de la technique IRCAM, dont Stroppa a été l’un des pionniers. « Le livret montre comment le théâtre social construit par le Roi Ours et le théâtre produit par son inconscient prennent la dimension universelle d’un théâtre du monde », expliquent Richard Brunel et la dramaturge Catherine Allioud-Nicolas. Comme si, encore une fois, complexité était synonyme de modernité.
François Lafon
Opéra Comique, Paris, 19, 21, 22 mai