Bicentenaire Verdi à l’Opéra Bastille : le Requiem. Deux concerts sold out, public des grands soirs. Pari gagné pour Philippe Jordan, qui crée l’événement sur l’estrade autant que dans la fosse. Plus que pour Chostakovitch (voir ici), la nouvelle conque acoustique fait son effet. Trop, presque : les tempêtes du Dies irae saturent l’espace, les chœurs sont assis sur les genoux des auditeurs. Jordan ne se demande pas si le Requiem est une messe opératique ou un opéra spirituel. Il le dirige comme un sixième acte de Don Carlos : la mort comme transcendance, la terreur comme instrument de pouvoir, avec une habileté particulière à opposer véhémence et méditation. L’orchestre et les chœurs (bravo au chef Patrick-Marie Aubert) sont à la fête, les solistes compensant par leur enthousiasme des disparités stylistiques évidentes : superbe duo masculin (Piotr Beczala, Ildar Abdrazakov), voix féminines plus inégales (Violeta Urmana enfin revenue à sa tessiture de mezzo, mais soprano – la nouvelle venue Kristin Lewis – en difficulté). Enregistrement live à paraître chez Virgin. A comparer, pour les mordus, avec Daniele Gatti/Orchestre National, au Théâtre des Champs-Elysées les 16 et 18 juin.
François Lafon
Opéra de Paris – Bastille, les 10 et 11 juin En photo : Patrick-Marie Aubert