A Pleyel, l’Orchestre de Paris joue baroque sous la direction de Giovanni Antonini. En trois jours de répétitions, le leader de l’explosif Giardino Armonico a obtenu l’effet « Nikolaus Harnoncourt - Concertgebouw d’Amsterdam », application réussie du jeu à l’ancienne à la grande machine symphonique. Démonstration avec l’Ouverture "Olympia", musique de scène pour une pièce de Voltaire de Joseph Martin Kraus, exact contemporain de Mozart (mort quelques mois après lui, à trente-six ans), parfait exemple du Sturm und Drang (Orage et Passion) alliant l’équilibre classique et les turbulences du romantisme à venir. Articulations marquées et archets allégés pour le Concerto pour basson de Mozart, avec en soliste l’étonnant Giorgio Mandolesi, chef de pupitre de l’Orchestre mais aussi professeur de basson historique au Conservatoire de Paris. Accompagnement aérien du 2ème Concerto pour violoncelle de Haydn avec la flamboyante mais incontrôlable Sol Gabetta, timbres chatoyants et harmonie éclatante dans la « Messe de l’orphelinat », où Mozart fait à douze ans une entrée solennelle (c’est une « missa solemnis ») dans un genre qui le conduira à la Grande Messe en ut mineur et au Requiem. Une nouvelle chance en tout cas pour l’Orchestre, dont l’expérience baroque, il y a quinze ans avec Frans Brüggen, n’avait pas donné le résultat espéré.
François Lafon
Salle Pleyel Paris, 26 et 27 mars. Concert en famille Kraus-Mozart, 30 mars Photo © DR