Reprise au Théâtre de l’Athénée, de Nietzsche/Wagner : le Ring, l’étonnant spectacle d’Alain Bézu, créé fin 2010 à Reims. Tout est dans le titre : sur le ring, deux génies qui furent amis s’affrontent par Ring (des Nibelungen) interposé. Aux déclarations d’amour/haine du philosophe, personnifié par l’acteur François Clavier, répondent trois jeunes chanteurs et un orchestre répétant quelques scènes clés de La Tétralogie. Une sorte de jeu de l’envers selon l’écrivain Antonio Tabucchi (« Le fait de m'être un jour aperçu, à cause des imprévisibles événements qui régissent notre vie, que quelque chose qui était "ainsi" était pourtant autrement »). En un an et demi, le spectacle a évolué. Il est moins pédagogique, moins ironique (disparition de la savoureuse explication au tableau noir de la généalogie des dieux), comme pour mieux répondre à la question essentielle : dans quelle mesure toute cette histoire nous parle de nous ? Les chanteurs sont valeureux - à commencer par Paul Gaugler, Siegfried tel qu’on le rêve -, et le chef Dominique Debart discipline efficacement l’Orchestre Lamoureux en « formation Siegfried-Idyll » (vingt-deux musiciens). Plus excitant, en tout cas, que le scolaire Ring Saga donné à la rentrée dernière à la Cité de la Musique.
François Lafon
Théâtre de l’Athénée, Paris, jusqu’au 11 mai. Rencontre avec l’équipe le 9 mai à 19h à la Médiathèque Musicale de Paris (Forum des Halles) Photo © M. Berthaume