Oeuvres des XXème et XXIème siècles à Pleyel dans le cadre du festival de l’Ircam Manifeste 2013. Règle du jeu : replacer la musique au centre des arts du temps (théâtre, danse, cinéma, arts numériques). Ce soir, avec le Philharmonique de Radio France dirigé par Jukka-Pekka Saraste, création de Reflets de l’ombre, pour grand orchestre et électronique live, du compositeur et scientifique Carmine Emanuele Cella. Propos de Cella compositeur : « Il y a deux façons de reproduire la réalité : mimétique ou cathartique. Le cathartique s’obtient au moyen d’un filtre personnel qui nous donne l’image véritable que nous nous faisons de la réalité ». C’est là qu’intervient Cella chercheur, personnalité culte dans le monde de l’informatique, en produisant des « nuages de sons » qui ne sont plus seulement le traitement en temps réel d’un son physique. L’ennui est que son œuvre, qui convoque Platon et le Mythe de la caverne, s’entend comme une houle orchestrale façon musique de film, d’où s’échappe à un moment, alors que l’orchestre est soudain plongé dans l’ombre (bel effet visuel), un nuage électronique évoquant … ce qui se fait à l’Ircam depuis son ouverture. La voix stratosphérique (mais, hélas!, sonorisée) de Barbara Hannigan dans les Songs from Esstal I, II et III de Philippe Schoeller, autre création de la soirée, nous emmène plus sûrement dans les étoiles, et la 3ème Symphonie de Witold Lutoslawski, très efficace machine à « jouer de l’orchestre » dédiée au Symphonique de Chicago, déploie un univers sonore autrement plus riche. On peut en dire autant de Métaboles, ajouté au programme en hommage à Henri Dutilleux, dont Saraste et l’Orchestre donnent une interprétation qui fera date.
François Lafon
Festival Manifeste 2013, jusqu’au 30 juin. Photo © Jean Radel