Courtes échappées au fil de la longue représentation des Fiançailles au couvent, importé du Capitole de Toulouse à l’Opéra Comique. L’œuvre est donnée comme essentielle, parce que le livret est de Sheridan (1751-1816, auteur de L’Ecole de la médisance) et la musique de Prokofiev. On nous explique dans le programme que dans les années 1940, la mode en Russie soviétique était aux classiques anglais, que cette histoire de barbons (capitalistes ?) bernés par leurs enfants (communistes ?) grâce à des religieux paillards (c’était avant que le clergé ne rentre en - relative - grâce) est un chef-d’œuvre sous ses allures conventionnelles, que Prokofiev y a renoué avec l’inspiration de L’Amour des trois oranges, et qu’il n’était que temps de lui donner sa chance à Paris, où il n’avait jamais été représenté. A voir cette farce à la musique sur-vitaminée, traitée comme un guignol constructiviste par le Britannique Martin Duncan, on se demande pourquoi, à l’opéra, le comique vieillit plus mal que le dramatique, et pourquoi les oeuvres que la postérité n’a pas retenues finissent un jour ou l’autre par refaire surface (ce qui arrive plus rarement au théâtre, où la création, il est vrai, est un peu plus vivace). Très bon Tugan Sokhiev, que l'on avait découvert au festival d’Aix dans L’Amour des trois oranges, Orchestre du Capitole russifié à point, distribution labellisée par la casteuse Larissa Gergieva (sœur de Valery Gergiev). Essentiel, vous dit-on.
François Lafon
Opéra Comique, Paris, les 30 janvier, 1er et 3 février