La Symphonie liturgique d’Honegger, donnée à La Chaise-Dieu par l’Orchestre national de Lorraine et Jacques Mercier, traite de l’homme face à la divinité, comme souvent chez Bach, mais sans référence explicite à ce dernier. Chez Mendelssohn, ce n’est pas le cas : premier compositeur à s’être confronté, et ce dès l’enfance, aussi bien à Bach qu’à Beethoven, il redonna avec Paulus et Elias ses lettres de noblesse à l’oratorio luthérien, par conviction et aussi grâce à ses liens avec l’Angleterre, pays où se pratiquait assidûment le culte de Haendel. Elias fut créé en anglais à Birmingham et à Londres (1846), puis à titre posthume en allemand à Hambourg (1847). Le festival de Birmingham, qui avait passé la commande, était la grande institution chorale de l’ère victorienne, ce qui fit d’Elias l’une des clés de voûte de l’oratorio romantique, une fresque haute en couleurs, sans chorals étant donné l’origine « Ancien Testament » du livret, mais non sans rapports avec l’opéra. Le chœur d’amateurs et l’orchestre OTrente et leur chef et fondateur Raphaël Pichon souhaitaient depuis quelque temps monter Elias. Il en est résulté un concert mémorable et salué comme tel : ovation spéciale pour la basse Stéphane Degout, interprète d’un rôle-titre aux accents tour à tour farouches, cruels ou pitoyables, faisant du prophète Elie une sorte de cousin de Telramund, voire de Wotan.
Marc Vignal
Abbatiale Saint-Robert, 29 août Photo © DR