Au théâtre de l’Athénée : L’Egisto de Marco Mazzocchi et Virgilio Marazzoli. Rien à voir avec Egisthe, le deuxième mari de Clytemnestre : c’est d’un personnage de Boccace qu’il s’agit. Rien à voir non plus avec l’ouvrage de Francesco Cavalli, connu pour être le premier opéra italien représenté à Paris, et que l’on a confondu avec celui-ci. Le spectacle est importé de la Fondation Royaumont, laboratoire d’études musicales des plus sérieux et des plus inventifs. Le chef (et ex-baryton) Jérôme Correas s’est passionné pour ce proto-opéra mêlant drame et comédie, pastorale et commedia dell’arte. L’œuvre, créée à Rome pour un public averti, décorée par le Bernin, regorgeait d’allusions, de références, de clins d’œil esthétiques, politiques, linguistiques, religieux. En France, où Mazarin l’avait fait venir, on n’y comprit pas grand-chose. C’est un peu ce qui arrive trois siècles et demi plus tard, avec cette résurrection pourtant exemplaire : bons chanteurs aguerris aux dialectes de l’italien ancien, finement mis en scène par Jean-Denis Monory (le Covielle du Bourgeois Gentilhomme restitué par Vincent Dumestre et Benjamin Lazar), danseurs astucieusement intégrés à l’action, instrumentistes hors-pair (Les Paladins), direction enflammée de Correas. On imagine que le travail a été passionnant. On regrette davantage de n’en saisir que l’ombre portée.
François Lafon
Théâtre de l’Athénée, Paris, du 19 au 23octobre. Photo © Didier Saulnier