Créé à Eszterháza en 1779, L’isola disabitata (L’île déserte) occupe une place spéciale parmi les opéras de Haydn : quatre personnages seulement (deux couples), durée sans entracte d’une heure et demie, livret mi-sérieux mi-comique et chargé de symboles dû au célèbre Métastase, récitatifs accompagnés uniquement par l’orchestre, jamais par le seul clavecin ou pianoforte. Cet ouvrage peu mozartien - mais oui ! - est donc assez souvent monté, ni trop long ni trop court pour des soirées en famille en des lieux divers, et surtout idéal pour les atelier lyriques, d’autant que ses difficultés vocales et instrumentales sont grandes. L’atelier lyrique de l’Opéra national de Paris s’est donc penché sur L’isola disabitata, ce qui avait déjà été le cas en 2005. Dans la brochure de programme, un plaisant résumé de l’action en bande dessinée, et dans la scène finale, au lieu de quitter enfin l’île, les protagonistes se transforment en touristes passant du bon temps sur une plage, un peu au détriment de la musique il est vrai. Pour le reste, la mise en scène de Dominique Pitoiset et Stephen Taylor se distingue par sa sobriété, et des quatre chanteurs-acteurs se détachent les deux dames, Anna Pennisi en émouvante Costanza et Armelle Khourdoïan en espiègle Silvia. Dirigé par Inaki Encine Oyón, l’Orchestre Atelier-Ostinato s’est essentiellement distingué dans les épisodes expressifs des récitatifs. On peut critiquer ceci ou cela, mais on est toujours heureux de retrouver L’isola disabitata.
Marc Vignal
La Ferme du Buisson, 6 avril Photo © DR