Vendredi 29 mars 2024
Concerts & dépendances
Hammerklavier :  troublantes résonances à La Scala-Paris
mercredi 21 novembre 2018 à 23h29
A La Scala, boulevard de Strasbourg, jadis music-hall, naguère cinéma, depuis la rentrée scène polyvalente prenant le pari risqué de l’éclectisme (théâtre, musique, expositions, gastronomie au 1er étage), le tout sans subvention : carte blanche à Yasmina Reza. Un symbole à elle seule que cette intellectuelle du théâtre privé (en France, ailleurs elle est jouée sur les scènes nationales). Ponctuant le cycle de pièces et textes choisis : Hammerklavier, neuf lectures avec piano du recueil d’instantanés qui fut sa percée en librairie (1997) après le  succès de sa pièce « Art ». Un défilé de stars (Nicole Garcia, Carole Bouquet, Nathalie Baye, Emmanuelle Devos) ouvert le 7 novembre par l’auteur elle-même avec le pianiste Geoffroy Couteau. Chacune choisit ses propres extraits tandis que le pianiste joue l’Adagio de la Sonate Hammerklavier de Beethoven et des mouvements de l’une des Sonates en la majeur de Schubert (D. 664 - D. 959). Reza commence par le début : « … Mais enfin, s’écrie Beethoven, être mort n’est pas être sage ! ». Peut-être parce qu’elle parle à la première personne, elle lit sans interpréter et semble s’abstraire pendant la musique. Curieuse impression pour elle, peut-être, que de retrouver vingt ans après ces textes qui parlent du temps qui passe et qu’on ne retrouve pas. Mercredi 21, Bulle Ogier lit et Nathanaël Goin joue. Même choix au début, suivi en particulier du chapitre « instants d’optimisme irraisonné » (pendant un concert Schubert par le pianiste Richard Goode). Cette fois, l’osmose se fait entre l’actrice et le pianiste, là ou Geoffroy Couteau avait du mal à trouver ses marques face à Reza seule avec elle-même. Troublante résonance entre la Hammerklavier par un si jeune artiste et la voix à la fois précise et hésitante, là et pas là,  qui a contribué au succès de la comédienne. Schubert y trouve aussi son sens, comme une libération après la question lancinante : « Dans quel temps nous plaçons-nous ? ». Le bleu-gris Peduzzi des murs (c’est le scénographe de Patrice Chéreau qui a signé la chic et sobre décoration) en prend une étonnante profondeur.
François Lafon

Hammerklavier, La Scala, Paris, jusqu’au 23 novembre (Photo © DR)

 

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