20h30 : face à face, un piano classique et un piano préparé. Volant de l’un à l’autre sur un tabouret tournant, David Greilsammer joue alternativement Scarlatti et Cage, « de véritables visionnaires, en avance sur leur temps, pour lesquels la sonate n’était pas une forme rigide et pesante, mais plutôt un espace de création et d’expérimentation ». Nous sommes à la Gaîté lyrique, temple des « révolutions numériques », où Greilsammer et l’Orchestre de Chambre de Genève commencent leur premier week-end baroque et contemporain (il y en aura trois jusqu’à fin 2012). 22h15 : Greilsammer, sur son piano préparé, lance le concert Phil Glass. Au programme : le Quatuor « Mishima » (tiré de la bande sonore du film de Paul Schrader), enserré dans une création sonore et visuelle de Radiomentale (les DJ Jean-Yves Leloup et Eric Pajot). L’ensemble fleure bon ses années 80, mais le public est plus jeune et plus nombreux que celui du concert précédent, et tout aussi attentif. Le week-end, où l’on entend jusqu’à dimanche Vivaldi et Crumb, Denis Schuler et Rameau, Leclair et Berio, se veut emblématique de « ce qu’il faut faire pour renouer le lien entre passé et présent ». Greilsammer, Frégoli musical, capable de libertés borderline avec les partitions mais doué comme personne pour leur donner un coup de jeune, est l’homme de la situation. Des friandises pour jeunes bobos dans un espace clinique (blanc, noir, tubulures, seul le vieux foyer Napoléon III a subsisté) conçu tout exprès ? Plutôt un pli à prendre, peut-être irréversible.
François Lafon
8 concerts et un atelier animé par David Greilsammer, jusqu’à dimanche 6 novembre. www.gaité-lyrique.net