Trouvée sur un forum, cette explication de la différence entre rythme et tempo :
« Le tempo est la vitesse à laquelle un rythme est joué. Le tempo se mesure en BPM (battement par minutes). Un BPM de 60/70 correspond à ton rythme cardiaque. Le rythme lui, est la manière dont la musique est construite : poum poum tchac est un rythme différent de poum tchac poum tchac. »
Application directe : le spectacle Feydeau Du mariage au divorce (ses quatre dernières pièces en un acte), donné au Théâtre Marigny dans une mise en scène d’Alain Françon. Accord parfait dans On purge bébé et Feu la mère de Madame : diastole et systole, allegretto et furioso négociés de main de maître par une troupe virtuose, avec Gilles Privat et Anne Benoit en chefs de pupitres. Grain de sable en revanche dans Léonie est en avance. Le rideau se lève sur un allegro agitato : une femme va accoucher, son mari, pour la calmer, la promène à travers le salon. Julie Pilod, l’actrice qui joue Léonie, est dans le tempo, mais pas dans le rythme : elle ajoute des poum et des tchac en marquant les « e »muets et en respirant à contretemps. Ses partenaires ont beau être à l’unisson, le rythme est brouillé. Dans Mais n’te promène donc pas toute nue, c’est le tempo qui se dérègle. Judith Henry, comédienne fine, a du mal à endosser le tempérament volcanique de son personnage. Du coup, son partenaire Eric Elmosnino (Gainsbourg au cinéma) a tendance à accélérer. Tout cela se joue à un cheveu. Dans le programme, Alain Françon se montre sensible au problème. A la question « Quelle liberté Feydeau laisse-t-il à un metteur en scène d’aujourd’hui ? », il répond : « Ce qu’il a décrit, il faut absolument l’expérimenter sur tous les plans : situation, rythme, descriptions de gestes et parfois d’intonations. Il ne faut pas faire le malin avec les pièces de Feydeau, sinon ça fait boomerang et ça vous revient dans la figure. Chez Feydeau, la dérive inconsciente des situations nécessite la vitesse et la variation continue (rapports de vitesse, rapports d’intensité). C’est une prison qui donne la liberté. » Un chef d’orchestre ne s’exprimerait pas autrement.
François Lafon
Théâtre Marigny, Paris, jusqu’au 9 mai. (photo DR)